Le Négrier, de JMW Turner (1840)
Un épisode de 26′ de la collection Les petits secrets des grands tableaux diffusée sur Arte
Réalisé par Jivko Darakchiev, produit par Sophie Goupil
Pratiqué depuis l’Antiquité, l’esclavage connaît un essor sans précédent à partir du 16e siècle avec la traite des Africains par les Européens vers les immenses plantations américaines. Le Royaume-Uni est la première nation à abolir la traite négrière au début du 19e siècle. Dès lors, elle n’hésite pas à pourchasser de sa puissante flotte les navires négriers étrangers tout autour du globe.
Le britannique J.M.W. Turner, fasciné par la mer et la magie de ses éléments, s’applique à peindre depuis sa jeunesse la fougue des tempêtes et les relations maritimes tumultueuses des hommes à travers les âges. Sa touche vivante réinvente la peinture de paysage : débarrassée de ses codes surannés, elle se charge d’une profondeur inédite par les sentiments qu’elle exprime.
En 1840, il présente à l’Académie une toile qui semble représenter un épisode passé de l’horreur négrière du pays, lorsqu’un capitaine fit jeter par-dessus bord des esclaves malades encore vivants. À moins que… ce ne soit un épisode au présent, un navire négrier étranger se débarrassant de ses esclaves pour échapper à un poursuivant britannique. Et si c’était les deux à la fois ?
Mutique et dissimulateur lui-même, le peintre plonge dans les eaux troubles d’une société britannique bercée par les innovations économiques et technologiques de son époque, renvoyant à l’Homme libre sa responsabilité persistante dans l’exploitation de ses semblables, hier esclavagiste, désormais industrielle, et bientôt mondialisée…
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